Pictures provided by: DidierF
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◊ 2016-02-16 10:34 |
Les voitures dans![]() n'ont absolument aucune importance. (La seule qui aurait pu en prendre un peu n'est pas montrée.) Non, ce qui est important dans ce film d'Albert Valentin, c'est… le film. Dirigé par Albert Valentin, sur un scénario de lui-même adapté et dialogué par son compatriote Charles Spaak (ils sont tous deux de ces Belges qui ont tant contribué à l'éclat du cinéma français), ce film est une rare réussite — rare au sens où tout tombe juste, rare aussi parce qu'on le voit fort peu sur nos écrans, ce film que j'ai dû attendre d'avoir atteint l'âge canonique de 56 ans pour pouvoir m'en régaler. L'interprétation est celle d'une équipe très au point, Albert Préjean qui y est Albert Maulette, le héros travailleur et méprisé pour cette raison par sa nouvelle belle-famille, Claude Génia qui est Hélène, sa jeune épouse, élevée dans les conventions mais loyale à son mari, Yolande Laffon la mère d'Hélène, aristocrate sans boussole, Hélène Constant la sœur d'Hélène, conventionnelle et attachée à son train de maison, Claude Nollier, la jeune Aline, danseuse aimée du fils de famille, Aimé Clariond époustouflant en Monsieur de Lormel, l'aristo décavé et sensationnellement hypocrite… Le voici face à son épouse qui craint le divorce qu'il essaie d'organiser : ![]() « — Mais ils sont mariés devant Dieu ! — Mais Dieu n'a pas béni cette union. On a au Ciel le sens des convenances. » Et puis Jean Servais dans un de ses premiers rôles odieux, Maurice Escande, gendre rêvé de Lormel, du même bois que lui, Jean Pâqui en François de Lormel, frère d'Hélène et comme elle jeune honnête homme mal né dans cette famille, Yves Deniaud (Gaston, valet de Maulette) et son parèdre de moindre importance Léon Walther (Célestin, le valet des Lormel — au fait, Léon Walther a joué dans 14 films de Guitry !), et encore l'ignoble Roger Karl, avocat répugnant, Pierre Magnier (l'évêque oncle d'Hélène)… … Écoutons François (Jean Pâqui) lui dire ce qu'il pense de son attitude, à cet oncle évêque qui lui conseille d'abandonner son enfant plutôt que de risquer la mésalliance : ![]() « J'espérais de vous, monseigneur, une bénédiction pour ma femme et mon enfant. Je m'en passerai, puisque c'est aux chiens [de la meute] que vous l'avez réservée. Adieu. » Et aussi Marcel Carpentier (Gasparini, qui se fourvoie dans l'achat du cabaret 'La Vie de Plaisir'), Noël Roquevert, l'impeccable avocat de Maulette, etc. J'ai fait deux citations des dialogues du film, car c'est probablement ce qu'il y a de meilleur dans ces 87 minutes : le texte au service duquel se mettent les acteurs. Je ne pense pas que Charles Spaak, dans ses dialogues, ait jamais dépassé le niveau qu'il atteint dans ce film. À propos du destin de ce film, sorti au printemps 44, lisez cet excellent commentaire ou rappel de mémoire que fait la page fr.wiki. Oui, après avoir subi les foudres de la censure catholique qui l'avait classé parmi les "Films à proscrire absolument parce qu'ils sont essentiellement pernicieux au point de vue social, moral ou religieux", ce fut au tour des "résistants" de l'épuration de passer par là et de déclarer le film pro-boche car anti-Français, comme ils le firent pour Le corbeau. Mais tandis que Clouzot sut trouver la force de se remettre au travail après l'interdiction prononcée, Albert Valentin ne s'en remit jamais. Quelle perte, lorsque vous lisez sa filmographie et ce qu'il avait donné les quatre dernières années. Motors are not relevant here. A superlatively well crafted piece of French cinema, made by two supremely gifted Belgian movie-makers, Albert Valentin and Charles Spaak. Roger Karl, Yves Deniaud… ![]() ![]() … Albert Préjean et Claude Génia. -- Last edit: 2016-02-16 10:43:14 |